LORELEI
Le monstre
Les océans étaient mystérieux, ils étaient profonds, si profonds qu’ils cachaient de nombreux secrets. Là où la lumière du soleil n’existait pas, ils existaient de nombreuses créatures étranges tentant de survivre dans ce que les humains appelaient « Les abysses ». Dans cet endroit bien sombre, certaines sirènes avaient été exclus, elles vivaient en autarcie et ne cherchaient qu’à se nourrir de tout ce qu’elles voyaient sur leur chemin. Le cannibalisme était de mise, les abysses sont pauvres en nourriture et les sirènes abyssales sont des êtres solitaires, guettant des proies. Elles sont multiples, chacune est différente mais celle qui nous intéresse à une manière assez simple de chasser. Dans la pénombre, elle se plaçait, gueule grande ouverte. La pauvre proie ne pouvait voir qu’une étrange lumière rouge qui l’attirait tel un tour d’hypnose, c’était ce qu’on appelait la bioluminescence. La proie était attirée droit dans la bouche grande ouverte de la sirène et bien vite, les aiguilles qui lui servaient de dents se refermaient, privant le poisson de toute liberté. Elle ne le croquait pas, elle le gobait et le laissait mourir en elle alors qu’elle le digérait lentement. Comme chaque sirène, les sirènes abyssales avaient des variétés de couleurs allant du noir au blanc mais les couleurs n’étaient jamais aussi festives que les sirènes des trois clans qui les avaient rejetés.
Notre fameuse sirène avait des écailles fines, privilégiant les déplacements rapides pour la fuite ou la chasse mais elle avait surtout une capacité d’invisibilité incroyable. Elle pouvait disparaitre comme elle le souhaitait même quand elle devait chasser dans un lieu où les rayons du soleil pouvaient encore lui enlever l’invisibilité des ténèbres. C’était cette même lumière qui lui permettait de devenir invisible, celle-ci avait deux types d’écailles : des écailles au niveau des flancs qui reflétaient la lumière solaire et ventrale qui lui permettait de réguler le degré d’invisibilité de son corps entier. Contrairement aux sirènes « normales », elle avait des écailles recouvrant une grande partie de son corps et on ne pouvait pas vraiment dire qu’elle était d’une beauté incroyable. Les pécheurs pourraient simplement dire que c’était un gros poisson avec des caractéristiques humaines terrifiantes. Enfin, aucun humain ne la rencontrerait jamais.
Ce fut ce qu’on aurait pu penser jusqu’au réchauffement climatique et les petits tsunamis que Dame Nature s’amusait à faire bien trop souvent. Ce jour-là, la sirène était si affamée qu’elle avait chassée un poisson jusqu’à la surface, elle l’avait presque attrapée quand l’eau s’agita. Les animaux aquatiques s’agitaient et elle fut emportée par la vague montante, prête à descendre sur les côtés de la terre ferme. Nager était épuisant et inutile, elle fut donc emmenée et s’écrasa contre un morceau de falaise douloureusement. Blessée, la sirène était désorientée et ne put que se réfugier dans une grotte sous-marine qui donnait sur un bassin dans un endroit où l’océan et la terre ferme se reliait. Ici, elle pourrait se reposer jusqu’à ce que Dame Nature fasse encore des siennes. Un tremblement de terre boucha la seule entrée et sortie, coinçant ainsi la sirène dans cette grotte à moitié immergé.
Depuis lors, tout ceux qui osaient se rendre dans la fameuse grotte « Lorelei » ne revenaient pas toujours ou souvent les survivants disaient avoir vu une étrange créature aux dents terrifiantes qui cherchaient à le croquer. Personne ne les croyait mais le monstre existait, il était juste perdu et terrifié ainsi qu’affamé. Peut-être qu’un jour, quelqu’un réussirait à dompter le monstre en lui offrant son goûter. Ne dit-on pas qu’on gagne le cœur d’une demoiselle en passant par son estomac ? Peut-être que vous y laisserez un bras mais vous repartirez avec un monstre de demoiselle, quelle chance…
