YEPA
Hiver
Dans la forêt enneigée, on pouvait entendre un chant mortuaire. Perdu dans cet amas d’arbres dépourvus de feuilles, chaque pas coûtait au chasseur qui avait perdu sa proie. Le renard blanc s’était fondu dans le décor et il se retrouvait maintenant seul. Gelé jusqu’aux os, il tremblait et sentait les engelures sur ses mains. Si son chemin n’était pas retrouvé, il allait mourir de froid. Soudain, il entendit le chant de la mort et le froid pénétra jusqu’à ses os comme si la mort venait de le toucher. Ses jambes ne pouvaient plus bouger, il gelait sur place en agitant son fusil de droite à gauche, son rythme cardiaque accélérait et réchauffait son corps alors que des branches craquaient derrière lui. Quelque chose approchait, il se retourna trop vite et ses jambes ne supportèrent pas le geste brusque qui le fit tomber au sol, le chasseur avait oublié que le froid les avait gelés et ne remarqua pas tout de suite l’ampleur des dégâts. Il tira une fois, deux fois mais il n’y avait rien devant lui à part des flocons de neige qui tombaient du ciel.
L’homme se calma quelques secondes avant de remarquer l’étrange couleur que la neige venait de prendre, un rouge sombre qui tendait à s’éclaircir. Son regard finit par se porter sur ses jambes dont les pieds avaient disparu pour rester collés au sol à quelques centimètres de lui. Il hurla en sentant enfin la douleur parcourir son corps et posa les mains sur ses jambes. Ses larmes gelaient ainsi que le sang qui avait fini par s’arrêter de s’écouler. Il faiblissait et put entendre des pas, quelqu’un allait-il lui venir en aide ? Il tendit sa main vers la source des pas et y découvrit la douceur d’une peau humaine mais aussi le froid d’un Hiver rude. Face à lui, une femme s’agenouilla et le regardait avec un regard glacial. Il la suppliait de l’aider mais celle-ci ne faisait rien et ne disait rien. L’homme était désespéré et lui hurlait dessus mais celle-ci finit par simplement ricaner faiblement avant de laisser sa main glisser sur le torse du chasseur en gardant son regard d’un bleu glacial dans le sien.
«Ironique qu’un chasseur se fasse chasser, n’est-ce pas ?»
Sa voix était similaire à la sensation de tomber dans un lac gelé, il trembla de peur et voulut ramper loin d’elle comme s’il venait de faire la rencontre d’un monstre plus terrifiant qu’un humain qui chassait une pauvre bête sur son lieu de vie. La flemme laissa ses ongles glisser sur sa peau avant de lentement les enfoncer, faisant hurler sa victime qui ne pouvait malheureusement pas fuir. Arrachant son cœur de sa poitrine, un faible rire traversa ses lèvres alors qu’elle observait les derniers instants du chasseur. Après cela, la femme jeta le cœur au loin, laissant le froid s’occuper du cas de cet homme.
Dans une station de ski, certains moniteurs contaient une légende, l’histoire parlait d’une princesse qui avait été trahi par sa propre famille, celle-ci avait été pourchassée jusque dans la forêt en plein hiver alors que sa famille avait envoyée des mercenaires la retrouver. La femme aurait tenté de leur échapper mais ils l’auraient rattrapé et lui auraient assénés un coup fatal en plein cœur. La laissant mourir au milieu de cette forêt, les mercenaires avaient désacralisés son corps et avaient fini par laisser aux renards et autres bestioles. Les flocons avaient recouvert la princesse, la laissant revêtir une robe enneigée et ensanglantée. Les moniteurs aimaient raconter cette histoire le soir pour effrayer les enfants et refroidir les adultes de sortir de leur chalet pour visiter la forêt de nuit. Ils s’amusaient à dire que le fantôme de la princesse de l’Hiver continuait d’hanter la forêt et qu’elle arracherait le cœur de quiconque approchait son territoire.
Personne n’y croyait à part les superstitieux, néanmoins le nombre de disparus avait étrangement augmenter dans la région comme si quelqu’un utilisait la légende pour faire disparaitre des personnes. Certains disaient avoir déjà pu voir la princesse à l’orée de la forêt accompagnée d’un renard blanc, chantant une mélodie si triste qu’elle faisait frissonner quiconque l’entendait.
«Ne suivez pas le renard blanc, il n’est pas votre ami. Il est le piège»